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Bekwaïpa, l'histoire d'une aventure de mer et d'amitié

Concarneau - les Canaries

Publié le 22 Août 2018

Mercredi 18 avril, le papa de Philémon nous a rejoint la veille pour faire la traversé. Il est 1h du matin et nous doublons pour la dernière fois les feux de Concarneau. Une fois à l’Est des îles Glénan nous mettons le cap au 210, ce sera notre cap pour un bout de temps. Vent plutôt faible de travers et houle croisée, reste d’une dépression : Philémon à l’estomac en vrac. Journée dodo, le vent cale dans la soirée et nous affalons tout pour ne pas faire souffrir la garde-robe. Un voilier passe tout près, nous l’interpellons à la Vhf : « Bienvenue dans la zone de Pétole !
-Tout va bien ?
-oui oui.
-Nous sommes au moteur et nous mangeons
-Bon app’ alors
-Au revoir ! »
La nuit loin de la côte nous réserve une petite cuvée d’étoile filante que nous dégustons, chaque vœu est le même pour Philémon : que la houle qui nous roule par le travers se calme un peu.
Jeudi 19 avril, vers les 6h, le vent se lève comme annoncé et nous redécollons. La houle se calme un peu aussi. Le nouveau spi de figaro est blanc et en très bon état. Après cet essai concluant nous renvoyons l’ancien spi dont la surface est supérieure de 35m^2. Nous ne gagnons qu’un petit nœud. Un petit oiseau nous rend visite, il semble crevé. Cependant il mange toutes les mouches visiblement rendues amorphes par l’air marin avec une rapidité déconcertante. Le vent reprend du poil de la bête et nous atteignons les 8 nœuds. 
Soudain, Phil à la barre voit la drisse de spi casser, le spi n’étant alors plus tenu par le haut s’effondre mollement à l’avant. Il n’y a pas une seconde à perdre si l’on veut sauver le spi, il faut le ramener sur le bateau avant qu’il ne passe dessous. Robin et Gilles sautent sur le pont mais c’est déjà trop tard le spi touche l’eau et se gonfle puis éclate. Nous remontons ce qu’il reste… Robin, après une manche de papier-marteau-ciseaux des plus exaltantes, est désigné volontaire pour monter remettre une drisse. 
Le bateau fille à nouveau sous spi de figaro poussant à 12,35 nœuds dans un surf ! Est-ce-que nous le garderons cette nuit ? Ca semble se calmer on le garde et la chaussette nous permet d’affaler vite en cas de besoin.
Le vent cale complètement et nous dormons tous les 3 car il y a tellement de brouillard que même une veille n’est pas possible. 
Vendredi 20, nous avons tous un quart difficile tour à tour. Puis nous avons une apparition magnifique vers les 3h du matin : des étoiles filantes mais dans l’eau, nous suivent, et jouent avec notre vague d’étrave. Illuminé par le plancton luminescent, ce sont des dauphins attirés par le sillage, lumineux lui aussi. Moment magique et féérique. Une douzaine de dauphins nous suivent, nous pouvons discerner facilement leur corps onduler gracieusement dans l’eau noire à toute vitesse.
Au matin le vent est tombé, nous faisons des relevés de plancton et de microplastique. Le vent se relève vers les midi et nous mangeons des pâtes sauce tomate « maison » préparée avant de partir par Robin. Gilles fait la vaisselle dans le coquepit sous régulateur d’allure. Robin envoie le spi en solo et voit même le souffle et le dos d’une baleine !
Samedi 21 avril, nous avons la visite de nombreux oiseaux au matin, nous tentons de les identifier grâce à un guide d’ornithologie, mais les différences entre les espèces sont parfois très minimes. Un empannage sous spi nous fait un beau caramel : Gilles à la barre empanne sans le faire exprès, la bôme qui était attachée à une pâte de chandelier, casse la pâte et passe à toute vitesse faisant voler le bonnet de gilles à l’eau. Plus de peur que de mal !
La côte se rapproche, mais toujours rien en vue, nous sommes pourtant à moins de 5 milles et les falaises sont haute. Mais le brouillard nous entoure et nous avançons en faisant confiance aux instruments. Soudain ça se dégage et la côte nous parait tellement proche que nous changeons tout de suite de cap. « Terre en vue ! »
Nous approchons du mouillage de Cedeira vers le début d’après-midi. Nous mouillons sur une bouée rose. Tout est tranquille, sauvage et authentique.

Pero aquí se habla galiciano y despuès español* (mais ici on parle le galicien et ensuite espagnol). 
La vie au mouillage s’organise, nous trouvons quelques magasins pour nous ravitailler. 
Philémon part chercher Tiphaine A Coruña en stop. Les transports publics laissent un peu à désirer et ils rentrent en stop aussi. 
Nous réparons le petit moteur d’annexe dont l’embrayage était cassé.


Le lendemain nous partons en expédition : dans l’annexe il y a 
•    Gilles, Tiphaine, Robin, Philémon
•    Deux kites + planches
•    Deux surfs nous suivent en laisse
•    Combis, bouffe
Nous traversons la baie au moteur avec un solide vent dans le dos, ça ne pose pas trop de problèmes. Nous accostons dans le lit d’une rivière et remontons l’annexe vers une forêt bordant la rivière. Puis avec tout nôtre matos, nous plongeons dans la forêt, nous escaladons une bonne bute dans les fougères et les lianes. Ensuite nous traversons des champs et arrivons finalement sur une route. Après 2-3 km nous descendons vers une plage magnifique réputée pour des « contests » de surfs. Là nous faisons une petite session kite puis surf avant de reprendre notre chemin jusqu’à l’annexe qui nous attend sagement. Le vent n’a pas trop faibli et ce qui devait arriver arriva : le moteur tombe en panne à mi-chemin ! Robin et Philémon attrapent les rames heureusement emportées avec nous.  Ils rament comme des fous contre le vent sur 200 m avant d’arriver à une digue. Le moteur repart et nous arrivons à bon bateau. Ils sont Ex-plo-sé ! Tiph’ et Gilles ça va pour info.
Les jours se succèdent, Carolina nous rejoint. Nous partons visiter St Jaques de Compostelle et Gilles rentre en France.
Nous partons le lendemain pour Arès. Petite ville au nord de Coruña dans un chouette mouillage bien abritté. Des optimists tournent autour de nôtre bateau.
Puis c’est déjà le tour de Tiph’ de rentrer et nous partons au matin pour Coruña en bateau afin de la déposer plus prêt de l’aéroport. Philémon ne la reverra en principe pas avant octobre soit dans 5 mois…Nous faisons une nuit a Coruña au mouillage (dans les marinas ils étaient pas très compréhensifs). 


Nous partons le lendemain pour une journée de navigation plein sud direction Vigo. Nous mouillons devant une superbe plage très longue un peu avant Vigo. C’est une plage nudiste ! L’eau est très claire, pas de houle et seulement deux autres bateaux nous tiennent compagnie. 
Un jour plus tard toujours dans ce petit mouillage nous allons visiter la côte très sauvage (c’est une réserve) et nous trouvons de quoi grimpouiller un peu !! Ca décrasse.
Nous partons de la plage des tout-nus pour les îles Ciès. Nous visitons toute la journée en compagnie de milliers de touristes. Le soir cependant les îles se vident et le calme s’installe. De nombreux goélands nichent ici ainsi que d’autres volatiles. 
Le 6 mai nous repartons pour Vigo dans une marina cette fois : nous devons bricoler et il faut du 220V. Nous découpons des trous dans la casquette et posons des hublots.


Le 8 mai nous partons pour le Portugal toujours en compagnie de Carolina. D’abord calme, nous profitons vite de vent portants qui soufflent à 25-30 kts. Nous sommes sous Gv 2eme ris et foc. Nous affalons le foc en prévision de la nuit. La mer est chaotique et Philémon et Caro sont malades : Phil mène 1 vomi de moins que Caro, les deux sont dopés au « mercalm » mais ça ne semble pas très bien fonctionner. Nous arrivons à Nazaré après 2 jours de navigation. 
A peine arrivé au port nous nous faisons prendre papiers et passeports. Puis nous partons à la découverte du coin.  C’est très joli et plutôt authentique avec une grande plage et des falaises sur lesquelles sont perchées un village. On s’offre une glace bien méritée.
Nazaré est un sympathique patelin où des vagues géantes ont décidé de venir s’échouer. Les plus grandes font jusqu’à 30m. Ça vaut le détour ! Nous étions tous les 3 comme hypnotisés par le feux d’artifice de tant de flotte. Pourtant quand nous y étions elles ne devaient pas dépasser les 12m. Certains surfeurs tentent leur chance parfois. Pas de cerveau pas de migraine non ? Nous on a pas sorti les planches sur ce coup là, pour des raisons évidentes : les migraines ça tue moins. On a essayer le kite mais à part se faire refouler par des vagues de 2m impossibles à passer on a pas trop naviguer.


Nous avons fait la connaissance des gens les plus à l’arrache de tous les temps et c’est bien nous qui le disons ! imaginez un bateau ou tout sans exception est pété, rafistolé, décousu…impossible de comprendre comment ça tient mais l’équipage (un garçon et une fille d’une vingtaine d’années chacun) en est très content. Le bateau leur a été donné par une association en bretagne. Ils sont maintenant sur le voyage de retour. Ne pouvant pas payer les ports ils se font gronder à chaque fois mais ils repartent avec des sourires jusqu’aux oreilles ! Ils n’utilisent jamais leur moteur (des puristes) donc font toutes les manœuvres à la voile, entrée et sortie de port aussi, « dès fois c’est chaud on touche quelques bateaux... »
Ils repartent juste devant nous et nous nous saluons dans l’entrée du port, ils partent au nord pour rentrer au pays, au près dans un vent plutôt nord et une mer très chaotique qui bringuebale leur coque de noix.


Nous partons le 10 mai pour une courte nav’ qui nous amène à Péniche. Là, nous trouvons un coffre dans le port et nous nous proposons de l’emprunter pour une durée indéterminée.
C’est un port normalement de pêche mais c’est une semaine spéciale où des bateaux militaires fanfaronnent et font des visites et des tours en mer. Péniche est surtout réputé pour ses spots de surfs. Et c’est déjà plus accessible que Nazaré : 1-2m des fois un peu plus. 
La vie est assez simple, le matin on monte dans les barres de flèches voir le spot de surf au-dessus de la digue du port, si ça surf on va là sinon c’est le spot au nord qu’il faut rejoindre. Caro s’achète une planche car nos planches sont un peu petites pour apprendre et surtout on est dessus hé !
Un jour nous avions laissé notre annexe dans un coin de plage un peu caché et après une soirée restau, on retrouve sur la plage quelques traces de pas et la trace de l’annexe. Nous passerons un jour à la chercher mais sans succès. Par contre nous rencontrons des français au port : Pierre et Aline et leurs deux enfants. Ils nous amènent en annexe le soir du vol, et nous sympathisons bien les jours suivants. Nous achetons une nouvelle annexe : un canot pneumatique de plage. Ça n’est pas bien solide mais ça dépannera en attendant de trouver mieux. 
Chose incroyable, Simon, un ami grimpeur nous rejoint avec son van ! Nous surfons presque tous les jours ou nous visitons les environs.


Après 10 jours nous repartons le 20 mai pour Lisbonne Simon ne se sent pas au top pourtant les conditions sont assez clémentes et nous avançons bien. Après une nav d’une cinquantaine de miles nous arrivons à Cascais. 
Le lendemain Simon et Philémon repartent en transports en commun diverses pour Péniche pour récupérer le Van. 
Cascais possède une marina très chic. Lorsque nous arrivons avec notre canot de plage ils ne nous accueillent pas de bon cœur. Tant pis pour eux. Nous passons deux jours à surfer, grimper et caréner le bateau. Carolina part retrouver ses parents déjà à Lisbonne.
Le 23 mai nous partons pour Seixal, dans la mer intérieure devant Lisbonne. Caro et ses parents nous font une petite visite et Robin repart avec eux pour quelques jours. Le même soir Simon va chercher Céline à l’aéroport de Lisbonne, elle vient passer quelques jours. 
Pendant que Robin, Carolina et ses parents se baladent dans le sud du Portugal, Céline, Simon et Philémon partent à la découverte de spots de grimpe. Le van de Simon se révèle bien précieux ici pour vadrouiller. Quand vient l’heure de partir pour Céline et Simon Philémon se décide au dernier moment de faire une surprise à Tiphaine en remontant à l’improviste. Surprise réussie ! Il rentre 5 jours plus tard en avion après quelques travaux dans son nouvel appartement. "Le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas"(Aloïs).
Seixal est une sorte de bras de mer, l’eau y est brune et peu engageante. A cause des marées et de la faible profondeur il y a un fort courant. Une fois dans un sens, une fois dans l’autre. Autre détail : ce sont des bouées de mouillage et non un port. Nous sommes à la bouée 1, la bouée 36 étant la plus proche du ponton de débarquement. Heureusement Igor et Ricardo, deux employés du port joue des taxis avec leur canot rigide. Des fois nous sommes obligés de prendre l’annexe avec nous sur le canot pour pouvoir rentrer le soir au bateau sans eux, épic. Il règne une ambiance ultra détendue ici en comparaison à Cascais. Les gens sont tous très agréable et serviable, seul hic, sans voiture c’est assez compliqué de trouver des magasins de bricolage. Beaucoup de choses se trouve à Lisbonne et il faudrait prendre un bateau pour s’y rendre. 


Le 5 juin nous partons pour Cascais de nouveau, nous nous remettons au mouillage après une admirable manœuvre à la voile sous le regard ébahi de quelques crabes et d’une mouette. 
Nous passons la journée du lendemain à caréner. Notre système est le suivant : un qui pompe avec la pompe de kite relié au tuyau relié au tuba de l’acolyte. Ledit acolyte qui frotte les algues sous l’eau sans être tout le temps en apnée. C’est tellement efficace qu’on voit pas grand-chose sous l’eau à cause de la profusion de bulles venant de l’excès généreux du pompiste lequel a tout simplement pas envie que son pote manque d’air une seconde.
La coque toute propre nous partons pour les Canaries au matin du mercredi 6 juin toute voile dehors le spi est hissé 28s après que l’ancre soit « haute et claire ». Alors que nous laissons le vieux contient derrière nous déjà quelques dauphins font leur apparition. Robin en voit quelques-uns sauter devant la proue d’un cargo. Nous affalons le Spi car notre vitesse descend rarement en dessous de 8kts et nous ne voudrions pas arriver trop vite aux Canaries. On a surtout les chocottes de tout arracher. Le vent se cale aux travers et nous amarrons la barre. Ça tient !
Jeudi 7 juin, nous traversons un rail de cargos qui se dirigent vers le détroit de Gibraltar. La mer est si lisse qu’on dirait un lac endormi, heureusement la petite brise ne nous lâche pas et nous avançons toujours à 3-4 kts au près bon plein (c’est comme du près mais bon plein). Nous entamons une musique sur notre cher bateau, Robin pêche (de l’eau), Philémon roupille. 19h nous établissons le foc car le vent est monté un peu. La couleur de l’eau est fascinante, d’un bleu si profond ! le ciel qui n’y est pas innocent à des plumes de nuage de partout.
Vendredi 8 juin, 2h du matin, passage d’un front orageux, annonciateur des alizés. Ça adonne un peu et nous sommes maintenant au travers, la barre amarrée tient moins bien. Première session d’échantillonage à la voile. Il faut dire que nous avons mis un bout autour de l’arbre d’hélice pour qu’il ne tourne plus, le bruit était assez désagréable à la longue. Philémon finit « zazie dans le métro » et « soie » deux bons livres , et nous regardons « The big Lebowski ». 22h nous mangeons notre salade de lentilles sous les étoiles, Vénus est parti se cacher derrière un petit nuage mais la voie lactée est magnifique.
« -C’est quoi ce truc orange à l’horizon ? ça se rapproche super vite !
-c’est la lune. »
Samedi 9 juin, 3h45, un grain nous surprend un peu, le foc est prêt à être envoyé. Le vent tournicote beaucoup. Au matin, le vent a bien adonné nous avançons à 5 kts dans une mer pleine de petits moutons. Des dauphins viennent nous saluer et un cargo très moche passe près de nous. Nous voyons une tortue mais elle semble mal en point.  Les patates sautées cuites dans le wok sont couvertes de téflon, on vire tout par-dessus bord. Un peu plus tard, Robin dance sur le pont en pêchant du microplastique. Vers 23h, le vent adonne et on doit tenir la barre. 3 cargos passent au loin.
Dimanche 10 juin, une grosse houle nous roule. Nous avons affalé le genois. Nous sommes à 230 miles de Lanzarote, la première île des canaries. 11h, nous avançons a 5 kts mais tentons un envoi de spi. Quand le spi se gonfle nous gagnons instantanément 4 kts ! On surf pendant 3 minutes  et on décide de tout affaler. Nous essayons Sam 2.4, avec un aérien ultra-light et une pâle immergée raccourcie. Résultats bluffant, au grand largue dans une mer formée, nous buvons un thé dans le carré. Les quarts seront plus tranquilles !


Lundi 11, Sam barre depuis une douzaine d’heure sans s’être plaint. Le vent a un peu faibli et la mer est moins chaotique. Le temps est gris, la température a agréablement baissée. Nous commençons déjà à manquer de légumes. Les oranges, seul fruit qu’il nous reste manquent de saveur. Comme c’est l’anniversaire de Julie, la sœur de Robin, nous envoyons 2 messages avec le spot, c’était le code.
19h23 : Terre en vue ! Nous sommes à 26 miles d’Alegranza.
Mardi 12 juin, le vent a bien forci. Nous prenons un riz dans la grand-voile pour que Sam puisse continuer de gerer. 30kts et grosse houle, nous surfons a 10-11kts ! Soudain le contre poids de l’aérien se décroche et tombe à l’eau. Nous prenons la barre et remontons la pâle immergée. Nous atterrissons à Arrecife vers 8h30.

 

 

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