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Bekwaïpa, l'histoire d'une aventure de mer et d'amitié

Concarneau - Concarneau

Publié le 29 Mai 2018

Nous sommes le 30 avril, dans une baie magnifique devant A Coruna en Espagne. Des belles aventures salées ont déjà été vécues. Pour l’heure Tiphaine vient de quitter le bord et nous ne la reverrons que dans 5 mois... en Argentine. Cœur lourd.

Reprenons ces quelques mois depuis le début si vous le voulez bien. Nous sommes le mardi 6 mars. Louise nous ayant interdit de partir avant parce que « on ne peut pas partir un 3 mars tu te rends pas compte, qu’est-ce que tu vas dire à tes petits enfants : je suis parti un 3 mars, non vraiment faut partir plus tard, hum.. ». Il est 6 heures du matin et nous larguons les amarres. Pas de fébrilité, pas d’excitation. Beaucoup de fatigue accumulée ces derniers jours, alors un profond SOULAGEMENT. Le bateau glisse au moteur et nous doublons les feux de Concarneau. Le soleil se lève, magnifique, rose, plein de chaleur dans ce matin frais.

Nous croisons les glénan (ya pas de « s » c’est exprès) au près. Bientôt les premières complications : la chaussée de sein. Un endroit sympa comme tout avec 7-8 neuds de courant et des écueils de partout. On tire des bords carrés avec les dauphins puis le courant s’inverse et hop tel un suppositoire nous sommes propulsé vers Ouessant. Toujours au près, première nuit de quart. Dure. Ça forcit, nous posons le matelas de sol en bas des escaliers de la descente. Pour dormir rien de plus simple on saute toutes les marches et on s’écrase en priant de s’endormir d’épuisement avant d’avoir trop le mal de mer. Philémon est particulièrement atteint puisqu’il nourrit toute la faune et la flore de la baie à plusieurs reprises.

Mercredi 7 mars : Le soleil pointe enfin le bout de son rayon et l’île d’Ouessant aussi. Nous la contournons par l’ouest ne connaissant pas trop le coin entre l’île et la côte. Le courant est fort et lève une belle mer bien hachée mais le vent adonne et nous filons 6-8 nœuds. Les grains se succède nous permettant d’aiguiser notre sens marin. Premier grain, on s’est fait complètement dépassé, deuxième grain : pareil MAIS on le savait, troisième, on a presque eu le temps d’en causer et même pu rouler le génois ! Experience in progress. Nous montons le foc pour avoir moins de puissance pendant la nuit. Robin passe un bon quart avec un arc-en-ciel-de-lune après un grain.  

Jeudi 8 mars : nous vivons une expérience unique dans le milieu nautique, le « caramel à l’avant ». Définition : imaginez un plat de spaghetti dans le mât, ajoutez une bonne dose de vent propulsant le dit plat de spaghetti à 5 mètres et se balançant allègrement. Vous vous rappelez le pompon dans les manèges, celui qu’on pense attraper au prochain tour mais qui se dérobe parce que le forain à décider qu’on ne serait pas l’élu. Et bin PAREIL mais plus haut plus loin et plus emmêlé encore. Voilà on a vécu ça. Robin nous a montré à cette occasion un vocabulaire haut en couleur. Le foc et la barre ont un peu souffert : un œillet est déchiré et mérite de ne plus être utilisé avant réparation et la barre, sorte de lamé collé de bois, est plutôt décollée pour ne pas dire éparpillée. Nous passons Guernesey où le téléphone nous renseigne de son appartenance britannique, on en apprend tous les jours. Le cap de la Hague est un haut lieu du courant-dans-l’nez on y trouve 10 nœuds si on passe au mauvais moment. Nous reculons donc un peu, notre trace montre une belle boucle. Après ça rien de notable jusqu’à Cherbourg, ha si.. Philémon tenant la barre de sa main gauche torse nu dans le froid de la nuit, se servant de son autre main pour faire ressortir le muscle de son épaule et Robin très concentré, tel un chirurgien, se concentre avant de planter une seringue dans son bras. Le dernier vaccin contre la rage de Philémon. On a failli oublier la date vindiou ! Nous nous amarrons derrière un Imoca à Cherbourg et au dodo.

Escale de Cherbourg : du vendredi 9 au dimanche 11 au matin

Réparation du foc et de plein de trucs qui n’allait pas en nav’. Barre réparée, rafistolée. Caramel décaramélisé.

 

Mise au point du régulateur d’allure, petite parenthèse ici…

 sorte de pilote automatique mécanique ne se servant que du vent comme d’une information et de l’eau s’écoulant autour du bateau comme d’une force pour barrer. Les avantages sont multiples sur un pilote électronique :

  • Il ne demande pas d’énergie pompant dans la batterie
  • Plus le vent monte plus on va vite plus c’est efficace
  • En le fabriquant (ou pas) on est en mesure de le réparer
  • Il coûte moins cher si on le fabrique

Philémon a fait son projet de semestre sur la conception d’un régulateur d’allure et pourrait parler de ça pendant des heures. Et ce n’est PAS ce qu’il va faire ici, hein, il va juste dire que c’est chouette de concrétiser un vieux projet voilà, c’est sobre efficace pas besoin d’en rajouter sur par exemple le choix d’un aérien à axe horizontal et d’une pâle immergée faisant un angle de 10° avec la verticale ou encore de ses engrenages coniques. Fin de parenthèse.

Sinon on a pris des douches, fait fonctionner la sono, les instruments et fait une lessive de l’espace.

Dimanche 11 mars, après des essais peu concluants du régulateur dans la rade nous mettons le cap sur l’Angleterre vers midi. Au menu : grains sur grains et pétole mole entre chaque. Le vent forcit et nous traversons le Rail (autoroute de cargos de 40 km de large). Vigilance.

Lundi 12 mars, nous louvoyons entre la côte anglaise et le Rail. Douvre est une destination de traversée de ferry classique et le trafic y est très dense. Un ferry passe bien proche. Une petite pensée à Romain qui retentera une traversée de la manche à la nage. Notre respect éternel t’est assuré, même si tu venais à faire un tuto Youtube avec ton Iphone de comment chanter Bouba pour les nuls. Revenons à nos moutons car justement c’est pas ce qui manque, le vent à forcit. Nous courrons sous grand’voile seule au premier ris. Philémon est malade. La visibilité est très faible. Beaucoup de fatigue. La nuit tombe avec ses quarts de 2h. Le repos est entrecoupé de « tu me ferais un point là ? » car de nombreux obstacles sont devant nous et ils sont plus solides. Le froid est humide et bientôt plus moyen de se réchauffer entre les quarts. La pluie et le froid nous gèlent les mains. Plus rien de sec. Nous traversons un champ d’éolienne et passons à côté de nombreuses plate-forme de gaz. Nous trouvons un port où s’arrêter, nous l’avons dépassé. Etant au près nous pouvons abattre un peu et la route est moins inconfortable. Philémon relâche un peu sa vigilance. Soudain il voit de la lumière dans la casquette où il s’était réfugié pour barrer. « Tiens, c’est pas trop normal ça ». Un ferry nous coupe la route et nous lofons en grand pour l’éviter ! Plus de peur que de mal nous sommes bien réveillé pour le reste de la nuit.

Mardi 13 mars, le jour se lève enfin et le vent tombe nous révélant toute la beauté de la mer du nord. L’eau est marron et nous donne la désagréable sensation de bouchonner sur une tourista d’un protagoniste européen ayant bu de l’eau en Inde. Chenal interminable avant le port de porte-conteneur et la marine d’Orwell. Euphorie de fatigue.

Nous repartons le jeudi 15 mars au petit petit matin dès potron minet. Bonne ambiance. 6-7 nœuds grâce au courant. La mer du nord est une vraie poubelle ! la pluie vient nous rappeler que nous n’avons pas de chauffage à bord. La nuit tombe et le vent fraichit. Nous affalons la grand’voile et marchons sous foc seul. La température descend rapidement, 3-4°C…Philémon ne sais plus quoi faire pour réchauffer ses mains.

Vendredi 16 mars, le vent monte : on parle de 20-30 nœuds. Le fond en mer du nord est assez faible : 20-40m en moyenne. Et si il remonte rapidement on peut craindre de voir les vagues déferler. Ainsi nous évitons soigneusement une zone ayant 5m de fond.  Le bateau vole sur les vagues, gros surfs, pointe à 10 nœuds sous foc seul. Pour Békwaïpa c’est un peu comme faire du 160 km/h avec un car scolaire de l’URSS descendant le Mont Ventou sans frein. Robin voit une vague arriver de derrière qui traverse le pont. Le brouillard nous fait oublier que le jour doit être là quelque part. Même à 1 mille nous ne voyons pas les bouées du chenal d’approche. D’ailleurs puisqu’on approche on s’aperçoit que la marée est basse et que l’écluse du port sera fermée…A la recherche d’un mouillage nous sommes appelés par un bateau pilote à la VHF. Avec le moteur, le vent, et la qualité médiocre de nos hauts parleurs, on ne pane absolument rien. C’est peut-être l’accent se dit-on. Nous sommes au milieu d’un chenal de cargo, ils passent sans même nous voir, on ne devrait peut-être pas être là.. Les pilotes nous guident vers une bouée d’attente digne d’un mouillage du Queen Mary 2. Philémon arrive beaucoup trop vite sur la bouée qui cogne la coque mais Robin à la deuxième tentative, parvient à nous amarrer. Nous avons 4 h pour souffler avant de pouvoir rentrer dans le port qui aura ouvert son écluse. Amarré au port de Grimsby nous nous demandons si nous ne sommes pas en train de faire une bêtise de monter plus au nord en cette saison. Une tempête de neige se lève et le pont est vite recouvert.

Interrogation post traumatique :

« - c’est dur hein ?

-ouais 

-il doit faire chaud aux Acores.

-ouais. »

 Nous sommes toutefois accueillit chaleureusement : on nous invite à une soirée au club de voile le soir même. On ne saura jamais s’ils fêtaient un anniversaire, un mariage ou juste qu’ils étaient content de se retrouver entre septuagénaires grassouillets. Bouffe gratuite, on nous paie même à boire. Par contre la ville de Grimsby est belle de façon inversement proportionnelle à la gentillesse de ces gens : elle attend toujours sa reconstruction après la seconde guerre mondiale, tanto grise, tanto verdâtre, les bâtiments du port sont tous rouillés et en ruine. Lors d’une promenade nous voyons des jardins clôturés et même barbelés. Avec le blizzard et l’absence totale de personne vivante nous déambulons dans une ville fantôme.

Le lendemain 17 mars nous bricolons une isolation relative du plafond du carré. C’est ambiance navette spatiale de Youri Gagarine maintenant. Et ça fonctionne puisqu’on dépasse même les 20°C avec le chauffage à bloc. Le seul « hic » de ce chauffage c’est qu’il s’éteint quand ça bouge. Dans un bateau c’est embêtant.

Nous partons tôt le lendemain en courant comme des fous pour attraper le train. Nous montons en Ecosse rejoindre Carolina qui fait déjà du Woofing dans une ferme depuis une semaine. Après une journée de trajet nous arrivons dans la jolie petite ferme de Tapo noth’ au nord d’Aberdeen. Nous sommes accueilli par Rosa et James. Ils font de la permaculture et ont des poules, des canards des chèvres. Nous logeons dans une caravane sur le terrain. Nous devons monter une serre pour qu’ils puissent faire pousser quelques légumes l’hiver.

Nous nous y mettons le lendemain avec ardeur, les plans sont complètement diaboliques, n’indiquant jamais le même modèle. Casse-tête et jurons. On rigole bien et surtout on mange délicieusement bien (et aussi très épicé).

Le montage prend une semaine mais nous prenons tout de même le temps de visiter une distillerie de whisky et nous gravissons la montagne Tapo noth’ qui nous fait voir le paysage écossais avec ses vallées, ses champs de moutons, c’est sauvage.

Carolina qui sait déjà traire des chèvres nous apprend comment faire. Très chère Mandy (c’est la chèvre) j’espère que tu nous pardonneras notre manque d’expérience. Mais quelle joie de voir sortir du lait !

Lors de notre départ nous recevons en cadeau une bouteille de whisky et des gâteaux. Nous voulons visiter Edimbourg (se prononce édim-bra) et nous montons dans le van de Chris (bucheron, 2m de haut 1,5 m de large) un de leurs amis qui descendait justement par là. Nous roulons avec Caro et Robin à l’arrière sur un matelas. Et là, problème : nous n’avons plus d’essence et pas l’ombre d’une station ouverte. Les petits bleds se succèdent et toujours rien, la jauge est allumée depuis 30 km…dans un village notre chauffeur fait une grimace, le moteur se fait silencieux, nous roulons en roue libre : panne sèche. C’est alors que nous cassons la glace de notre éternelle moule de secours, la station est à quelque dizaines de mètres ! Nous arrivons sur notre ère devant la pompe ! Grande classe, fou rire, regard incrédule des habitants. Il nous laisse à une gare d’où nous filons vers Edimbourg. Nous errons dans la ville et tombons sur une sympathique auberge de jeunesse. Il est bientôt midi et nous laissons nos sacs pour aller nous balader. Nous montons sur une sorte de butte en périphérie de la ville pour admirer le paysage. C’eut été chouette d’arriver en voilier. Nous essayons une spécialité locale qui ravirait les papilles des plus fins gourmets : le mars frit ! A ce qu’on dit il contiendrait les calories nécessaires pour monter et descendre l’Everest sans oxygène. C’est dégueulasse. Nous partons le lendemain assez tôt pour retrouver notre chère embarcation.

Le 28 mars nous partons à 4h20 de Grimsby. Le cap n’est pas mis au nord comme nous aurions souhaité le faire mais au sud direction Amsterdam et une traversée de la mer du nord. Ce changement de cap est dû à nos navigation dans des conditions peu clémentes à la plaisance. Froid humide et temps pourri, cargos, éoliennes et stations pétrolières ont eu raison de nos rêves de ski dans les fjords norvégiens. Partie remise. Nous reviendrons avec notre expérience et une préparation plus méticuleuse. Ou tout simplement en été aussi, hein. Enfin bref comme pour nous donner raison les phoques nous accompagnent

un moment et le ciel est bleu, nous hissons vite le spi et zigzaguons entre les plate-forme pétrolière. Un peu trop près sans doute car un semi-rigide fonce nous rappeler que nous devons nous éloigner d’au moins 500m. Caro est avec nous et barre comme une chef.

La nuit le vent n’est toujours pas tombé et nous surfons sous spi sur des rayons de lunes au milieu des stations pétrolières : hors du temps.

Le 29 nous enfilons les doudounes la nuit est fraiche (3°C) mais au sec avec le vent dans le dos c’est supportable. Nous sommes un peu pressés car un coup de vent d’Est, notre direction, est prévu pour 21h. Le vent tourne, nous affalons le spi et mangeons des œufs brouillés. Le moral est toujours excellent. 22 milles avant d’arriver à Ijmuiden (ne se prononce pas tellement c’est incompréhensible) le vent tombe et nous faisons des relevés de microplastique et de plancton. Caro coupe les cheveux de Robin telle un tailleur de haie du château de Versailles.

 Nous arrivons à l’aide d’un fort courant vers les 21h.

Amsterdam est à 25km. Philémon monte son vélo en bambou et part retrouver Louise Chassouant récemment promu au grade d’ingénieure EPFL (applaudissement). La route de jour est d’une simplicité enfantine, de nombreux panneaux indiquent Amsterdam.  Nous visitons la ville, c’est très international, les canaux parcourus par des bateaux à touristes, les ponts et les ruelles en pierres pourraient presque faire oublier le gout de cet ignoble pâte orange qu’ils appellent gouda. Carolina et Robin pendant ce temps se baladent le long des côtes sauvages ravagées par l’industrie lourde du pays bas. Après une bonne petite dégustation de croquette Philémon repart pour le bateau. Il fait nuit et il pleut. Ayant mis 2h à l’aller il mettra presque le double au retour et arrivera vers 2h du matin complètement trempé. Le lendemain nous prenons le bus tous les trois et visitons la ville ensemble.

Nous partons le dimanche 1er avril (sans blague), aux alentours de 4h45. La brume est si épaisse que nous ne voyons pas un énorme cargo qui passe à 50m ou moins en sonnant une corne de brume à rendre sourd. Nous longeons les côtes qui se dégagent un peu. Spi, genois, foc, spi, pétole…genois. Caro barre, nous traversons le rail de l’entrée du port de Rotterdam, avec une très faible visibilité. Cargos à gauche, à droite, « il nous fonce dessus celui-là non ? nan il tourne. »  Vers 17h pétole le courant nous fait reculer. Nous profitons du calme pour faire des relevés.

Lundi 2 avril, le vent se lève timidement pendant la nuit. Il est de terre et ne lève pas de vagues. La destination initiale était Boulogne-sur-Mer mais avec ces calmes nous optons pour Calais d’autant qu’une dépression s’installe et nous aurions un près musclé à affronter. Avant d’arriver au port 3 nds de courant nous font peiner au moteur. Nous entrons dans le port mais un ferry sort alors nous rebroussons chemin. Cette petite manœuvre nous vaudra un bon sermon dans les hauts parleurs du port. Philémon entend même sa voix diffusée par VHF expliquant que nous n’étions pas sur le bon canal. « Désolé les gars on écoutait la musique trop fort en fait. »

Mardi 3 et mercredi 4 nous voient bricoler le régulateur et dormir.

Jeudi 5 avril, après une petite marche digestive sur la plage de Calais en attendant le vent, nous partons sans Caro qui rentre en bus. Soudain appel de Caro, le trajet est annulé elle revient pour faire le voyage avec nous ! Heureusement qu’on était pas déjà parti. Nous testons le régulateur baptisé Sam. Longue vie à toi petit. Emmène nous voir le monde. Test très prometteur mais quelques détails sont à modifier. Dans la nuit, le vent stable nous fait bien avancer.

Vendredi 6 avril dans la nuit. Soudain Robin réveille Philémon :

« - Viens voir, un bateau nous éclaire avec un énorme phare ! »

La VHF sort de son grésillement. C’est la douane.

« - Etes-vous tous de nationalité française à bord ?

- Non.

- Ha oui !!!!?

-Un français et deux suisses.

-Ha (grosse déception) , nous venons à bord pour un contrôle

-Ha (grosse déception). »

Ils sont finalement sympathiques après les questions habituelles.

« -Mais vous ne travaillez pas ?! Faudra y penser pour payer nos retraites. »

Alors comptez pas trop sur nous les gars. Ils repartent enfin et éteignent leur spot à faire bronzer un écossais. Nous réessayons Sam et Ô miracle il fonctionne ! Le vent est soutenu, mais personne n’est enchainé à la barre. Nous pourrons faire les manœuvres à 2 sur le pont avant. Toutefois après 10h de loyaux services, une vague traitresse casse la pâle immergée. Nous nous renchaînons à la barre. La journée voit le vent tomber dans la soirée, un coucher de soleil est à la manœuvre : feux d’artifice dans la grisaille de la journée avant de tirer le rideau bleu de la nuit.

Samedi 7, nous affalons tout devant Cherbourg pour laisser passer une tempête de pétole. Le vent remonte mais le courant nous malmène. Au matin nous doublons le cap de la Hague avec un fort courant favorable. Le vent se lève mais nous tirons des bords pour remonter vers St Malo, notre destination. Le vent tombe et la grisaille nous pourchasse. Nous mettons le moteur dans la soirée. Une brume s’est levé et nous entrons dans St Malo à tâtons.

Dimanche Tiph’ nous rejoint et nous visitons la ville.

Lundi nous réparons la pâle de Sam et bricolons un peu.  Nous revenons des courses en vélo les sacs à dos pleins à craquer, en conduisant sans les mains pour manger des chips.

Mardi 10 avril, nous appareillons vers 10h30.

Le vent vient d’en haut, moteur. Relevés. Ca monte un peu, nous envoyons le spi et testons Sam 2.2. Succès ! Le vent ne tarde pas à retomber mais Sam est un brave, Sam a compris que s’il déconnait il se retrouverai vite au fond d’un coffre avec de la chaine de 12 dessus. Nous mangeons donc à deux dans le carré à la tombée de la nuit.

Mercredi 11 le vent n’est pas monté au-dessus de 5 nds. 55 milles en 24h. Le vent tournicote mais se stabilise enfin et nous renvoyons le spi. Sam à la barre, nous enchainons les quarts en lisant sur la plage avant bien calé dans le foc avec une tasse de thé. Un bonheur. La nuit arrive inéluctablement avec ses couleurs qui nous avaient pourtant prévenues.

Jeudi 12 Philémon sort d’un quart difficile : vent instable et grosse houle croisée provoquant mal de mer et valdinguage des voiles d’un bord à l’autre. Nous affalons tout et mettons le moteur car nous sommes tout près d’un mouillage : Aber Ildut. Nous voyons des bouées reliées enseble et nous amarrons comme des branques que nous sommes. Le gars du port nous aborde. « C’est la première fois que vous vous mettez sur des bouées altères ? » « oui. » « En fait vous prenez deux places là » « ha. ». Nous prenons un bon repas bien chaud en portant nos bobs ridicules en faisant des coucous aux péchoux qui passent. Nous repartons dès que le courant s’inverse. Le vent est portant nous envoyons le spi. Le brouillard se lève et la région n’est pas sûr, nous naviguons entre les écueils en ne voyant rien à 50m. Le vent monte nous filons à 6-7 nds en passant la chaussée de sein.

Mais il nous lâche complètement à la tombée de la nuit. Nous affalons tout et nous laissons porter par les courants toute la nuit dans la baie d’Audierne.

Vendredi 13, nous tirons des bords dans la pétole. Quelques bateaux de pêche sortent de leur port. Certains nous croisent vraiment près. Pétole. Philémon pette un câble il voudrait être arrivé. Son impatience calmée nous mangeons les derniers gâteaux donnés par Anne-Claire. Nous les gardions en cas de coup dur… On se prend un petit casier au passage. Nous retrouvons le ponton d’Explore où déjà s’entasse un figaro et un Imoca.

Notre escale concarnoise nous permit de retrouver quelques bonnes bouilles bien sympathiques ! Un participant de la course transatlantique en Figaro nous offrit un jeu de voile : Spi GV et Genois… Merci à toi Tom Dollan tes voiles ont fait merveille bon vent ! Quel plaisir de faire un peu de kite, Tiphaine nous rejoint pour une session à la Pointe St gilles. Bricolage avant de traverser le golfe de Gascogne. Merci à tous nous gardons votre gentillesse et vos bonnes ondes dans un gros coin de notre cœur.

Ainsi s’achève un périple qui nous permit bien des fois de nous rendre (presque) compte de la chance que nous avons de pouvoir naviguer dans des eaux chaudes et peu tumultueuses.

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E
Vous êtes oùùù les copains ????<br /> Je pense à vous, continuez à être forts!!
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A
Au top vos récits ! ça fait rêver :D
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